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Affichage des articles du août, 2024

Vendredi 16 Août 2024 - Humeur

La soirée est bien avancée. Assis sur mon canapé, je lis le dernier roman de Velibor Colic "Guerre et pluie". Alors que j'avais adoré le précédent : "Le livre des départs", la rude ascension d'un migrant yougoslave en France, sa découverte à trente ans de la langue française qu'il fit sienne au point de la maîtriser et de devenir un écrivain reconnu par l'Académie Française, sa façon de jouer avec les mots, de les savourer comme des bonbons, de s'extasier devant "coquelicot", son ouvrage suivant me tombe des mains. Pourquoi suis-je soudain fâché avec ce facétieux poète soulographe ? La sobriété lui a-t-elle enlevé son talent, sa verve, son humour ? Je ne crois pas et pourtant. Peut-être suis-je fatigué par ma semaine de travail ? Ou bien sont-ce mes souvenirs chargés d'émotions, qui profitent de mon oisiveté pour refaire surface, comme des poissons d'aquarium appâtés par leur dose quotidienne de daphnies séchées ?! Velibor parle...

Au bord de la route - Nouvelle

 Jean se retrouva assis au bord d'une route. Il avait oublié ce qu'il faisait là, pourtant l'endroit lui était familier. Il se trouvait dans le désert de Sigonce, au nord de Manosque dans les Alpes de Hautes-Provence, un lieu laissé en jachère par l'homme, qui ressemble à une mer dont les vagues empierrées se seraient figées pour marquer leur dédain du monde. La nuit était tombée et une lune ronde trônait dans un ciel d'été constellé d'étoiles. Les phares de la voiture illuminaient les collines alentour. L'air encore chaud bruissait du chant des insectes. Il se sentait fatigué, pas vraiment physiquement, le mal plongeait plus profondément. La lassitude s'était emparée de lui sans qu'il ne sache trop pourquoi, comme si demain était trop loin. Autour, les hautes herbes lui dressaient un rempart avec encore ce parfum sec de vannerie que leur avait donné la chaleur du jour. Il aurait voulu s'allonger et dormir, mais sentait qu'il ne devait pas le...

Le début de la mort - Nouvelle

 Jean venait de mourir. Il n'était déjà plus conscient lorsque son cœur s'était arrêté. Sa famille, présente à son chevet, lui avait procuré un grand réconfort. Entouré des siens, il s'était pris à rêver qu'il s'agissait d'une autre de ces fêtes familiales, un dimanche paisible et drôle avec les grands à la maison; eux et leur belle énergie ! L'illusion dépassée, il s'en était voulu de les faire souffrir, d'être la cause impuissante de leur chagrin. Il songeait à ses enfants en train de perdre leur père. Au-delà de la peine, ce départ équivalait à un choc existentiel. D'une certaine façon, sa vie les protégeait de la mort. Son trépas leur rappelait qu'ils devraient affronter cette épreuve, tard, bien plus tard, mais cette pensée qui s'insinuait dans leur esprit ne partirait plus. Mathilde était là, digne et pâle sous la lumière crue de la chambre d'hôpital. Comment peut-on séparer un couple de quarante ans ? On ne devrait pas et pourt...